L'homéopathie
Lors de ce séjour, j’ai également rencontré d’autres coopérants, notamment une femme française médecin qui me disait qu’à son retour en France, elle voulait s’installer comme homéopathe ! J’avais du mal à comprendre qu’elle veuille pratiquer une médecine inefficace, mais n’osais le lui dire… En France, les parents de mon mari allaient d’ailleurs voir un radiesthésiste qui leur prescrivait de l’homéopathie. À défaut de leur faire du bien, pensai-je en moi-même, cela ne leur faisait pas de mal, donc, je préférais ne pas en discuter…
À mon retour, j’ai renoué avec les amis qui avaient fait leurs études avec moi. La plupart étaient installés comme médecins généralistes. L’un d’entre eux, avec qui je
m’entraînais autrefois pour les examens, s’était installé comme homéopathe ! Son choix me parut insensé parce que je le connaissais bien et savais que, comme moi, il avait réellement envie de
guérir ses patients ! Pourtant, il optait pour une autre forme de médecine… Il en était même tellement emballé qu’il me donna un livre d’homéopathie consacré au traitement des maladies infantiles
et une trousse d’échantillons de tubes homéopathiques. Surprise, mais ne voulant pas le vexer, j’ai accepté.
En attendant de m’installer à mon tour, je faisais des remplacements de médecine générale tout en élevant mes premiers enfants. Ma fille de 5 mois fit alors une grosse
otite que je traitais aussitôt par des antibiotiques. L’otite guérit
rapidement, mais au huitième jour, une crise d’urticaire généralisée se manifesta. Elle était certainement allergique aux pénicillines, mais comme l’otite était guérie, je ne m’affolais pas…
Huit jours de tranquillité passent, puis les symptômes reprennent : température, douleurs, pleurs… et une nouvelle grosse otite. Cette fois, je préfère prendre l’avis
d’un confrère et vais consulter un pédiatre qui m’écoute raconter ce qui est arrivé. Après avoir regardé son oreille, il confirme qu’il s’agit d’une otite importante et prescrit un antibiotique
d’une autre classe thérapeutique que je donne à ma fille. L’otite guérit mais au huitième jour, une nouvelle crise d’urticaire se déclare !
Une huitaine de jours passe encore, puis la fièvre et les douleurs reprennent… Nouvelle otite. Déterminée à trouver une solution, je décide alors de consulter un
ORL. Je lui explique ce qui s’est passé jusque-là et au terme de son examen, j’entends la même réponse : « C’est une grosse otite, il faut simplement changer de famille
d’antibiotiques ». Ce que je fais. Au huitième jour, troisième crise d’urticaire ! L’otite est guérie, mais cette fois-ci je tends le dos jusqu’à ce qu’une quatrième otite se
déclare huit jours plus tard ! Je ne vais tout de même pas lui donner un antibiotique qui risque de donner une coloration définitive à ses dents ou prendre le risque d’une atteinte des globules
blancs. C’est pourtant ce que me conseillent mes confrères… Alors me revient à l’esprit ce que m’avait dit mon ami médecin à propos de la guérison rapide des otites par l’homéopathie.
Je savais que cette thérapeutique n’était pas toxique et que j’allais de toute manière surveiller le tympan de ma fille plusieurs fois par jour. C’est pourquoi je décidai
de n’utiliser les antibiotiques à potentialité toxique qu’en cas d’aggravation...
Je cherchai donc le chapitre concernant les otites dans le livre que mon ami m’avait donné, et constatai que pour les otites il n’y a pas beaucoup de risques de se
tromper. Il était facile de trouver les produits qui convenaient et de plus je les avais dans la trousse d’homéopathie qu’il m’avait fait parvenir ! Je fis fondre les granules homéopathiques dans
le fond d’un biberon d’eau, le secouai, puis le donnai à boire à ma fille. À ma grande surprise, en quelques heures, (plus rapidement qu’avec les traitements précédents), l’otite guérit.
Et pas de crise d’urticaire au huitième jour !
Ma fille n’a plus jamais fait d’otite. Par contre, elle a eu de nombreux problèmes d’allergie.
J’étais soulagée d’avoir pu résoudre ses problèmes d’otite, mais je me demandais toujours si l’homéopathie avait réellement été efficace ou s’il ne s’agissait pas tout
simplement d’un coup de chance!
Cette expérience m’avait tout de même donné l’envie de mieux connaître l’homéopathie, et c’est pourquoi je m’inscrivis à un premier stage d’initiation. Par la suite, je
poursuivis la formation complète sous forme de week-ends à Paris pendant trois ans.
J’habitais alors dans un village de 40 habitants qui préféraient me consulter plutôt que de faire des kilomètres pour aller voir un autre médecin : « vous êtes médecin,
vous nous direz ce que nous devons faire » disaient-ils. En échange je recevais des lapins, des confitures et autres denrées…
La deuxième approche thérapeutique concernant l’homéopathie s’est faite de la façon suivante :
Un enfant de 4 ans habitait juste en face de chez moi. Sa mère s’était décidée à me l’amener car il présentait de multiples verrues sur le dos des mains
et ma première idée fut de l’envoyer chez un dermatologue. Tout en l’examinant, je ne pouvais cependant pas m’empêcher de penser : si je l’envoie
consulter un dermatologue, il va enlever les verrues avec la neige carbonique. Cela va lui faire mal et les verrues sont nombreuses !
Comme il n’y avait pas d’urgence, que l’homéopathie n’est pas dangereuse et qu’elle est censée guérir les verrues, je cherchai dans mon livre et conseillai les produits
homéopathiques à donner à l’enfant. Au bout de 3 semaines, plus aucune verrue ! J’étais moi-même étonnée : ça marchait !
La maman me demande alors un traitement pour elle-même car tous les mois elle fait une angine. Je lui pose toute une série de questions pour déterminer
quel est son « tempérament homéopathique », et trouver quel traitement lui conviendra. Je recherche le soir même à quels produits homéopathiques cela correspond. Le lendemain elle revient me voir
et je lui conseille ce que j’ai sélectionné… Pendant les deux ans que je suis restée dans ce village, elle n’a pas présenté de nouvelle angine.
J’ai pu soigner ainsi presque tous les habitants en me familiarisant avec la pratique de l’homéopathie. À cette époque, j’avais déjà pris contact avec un groupe de
médecins généralistes pour m’installer avec eux, mais devant l’efficacité de l’homéopathie et la possibilité de pouvoir agir préventivement en agissant sur le « terrain » du patient, pour le
rendre plus résistant, j’ai préféré opter pour ce type de spécialisation et me suis installée seule en ville.
Cette expérience a remis en question beaucoup de choses pour moi : pourquoi nos médecins-professeurs-enseignants ne nous avaient-ils pas enseigné les
véritables effets de l’homéopathie ? La seule réponse qui me venait à l’esprit en posant cette question était que visiblement, ils n’avaient pas pris le temps de l’expérimenter, sinon ils en
seraient venus aux mêmes conclusions que moi ! Face à une méthode thérapeutique mal connue, ils avaient simplement répété ce qu’on leur avait dit à son sujet, sans vérifier par eux-mêmes. On peut
noter à ce propos que, si un médecin expérimente l’homéopathie et reconnaît son efficacité, généralement, il devient lui-même homéopathe et se décrédibilise alors immédiatement auprès de ses
confrères...
L’homéopathie est en effet toujours contestée par l’académie de médecine qui prétend qu’elle n’a qu’un effet placebo. L’effet placebo, c’est l’effet bénéfique ressenti par un patient quand il pense recevoir un produit actif, alors qu’il ne reçoit qu’un produit neutre. C’est un effet qui joue une grande importance dans la guérison puisqu’il agit chez 30% des patients environ ! Mais l’efficacité des médicaments classiques est, elle aussi, renforcée par l’effet placebo…
Pour qu’une méthode thérapeutique soit reconnue « scientifiquement », il faut faire des essais en double aveugle : ni le médecin ni le patient ne connaissent la
composition du produit.
Donnons un exemple : comment savoir si tel produit est efficace ?
Pour réaliser cette expérience, on rassemble des patients qui présentent une même pathologie sur laquelle le produit étudié est prétendu agir. Ces patients sont vus par
des médecins qui vérifient d’abord qu’ils sont bien atteints par cette pathologie, et qu’ils n’ont pas de contre-indication à recevoir le produit. On les divise ensuite en deux groupes. Un groupe
recevra le produit actif, l’autre groupe ne recevra qu’un placebo, c’est-à-dire une substance qui ressemble extérieurement au médicament étudié, mais qui ne contient aucun produit actif. Les
patients sont vus régulièrement par les médecins qui ignorent eux aussi la nature du produit reçu et qui notent les symptômes de chacun au fur et à mesure de l’expérimentation.
Puis on vérifie l’efficacité du produit testé en comparant les résultats des deux groupes : 30% des patients, ceux qui n’ont reçu que le placebo, vont voir leur état
s’améliorer et 50% des patients qui ont reçu la substance active. Le produit testé sera donc déclaré efficace. Si dans les deux groupes l’efficacité avait été de 30%, le produit testé aurait été
déclaré inefficace pour la pathologie prise en compte.
Au cours de l’expérience, on note aussi les effets secondaires présentés par les patients : troubles digestifs, réactions allergiques, etc., qui peuvent aussi se
manifester chez certains patients n’ayant pas reçu de produit actif ! C’est ce qu’on appelle l’effet « nocebo ».
Cet effet dépend de la capacité plus ou moins développée du patient à se guérir, (comme à se rendre malade) par la seule force, inconsciente, de sa pensée ou de sa
croyance. L’homéopathie ne peut faire ses preuves quand elle est testée selon les mêmes critères, car, dans cette méthode de soin, le traitement doit être adapté au tempérament du
patient, beaucoup plus qu’à sa pathologie. Je m’explique : en homéopathie, pour traiter un mal de tête, le médecin va choisir, parmi les 50 médicaments homéopathiques les plus prescrits
pour cette indication, celui qui va correspondre à la nature et à la constitution du patient. C’est pourquoi un même médicament homéopathique est prescrit pour des pathologies totalement
différentes.
Des études en double aveugle ont également été réalisées en homéopathie: Dans ce cas, on choisit un groupe de patients qui présentent la même pathologie. Tous ces
patients sont vus par un médecin qui va choisir un traitement homéopathique individualisé selon le tempérament de chaque personne. Indifféremment, les malades reçoivent ensuite le produit actif
prescrit par le médecin ou un produit placebo. Ils sont là aussi suivis par un médecin qui ne sait pas qui a reçu le placebo et qui a reçu le composé actif. Les résultats sont alors comparés. Ce
type d’étude prouve l’efficacité de l’homéopathie mais la communauté scientifique refuse d’en reconnaître les résultats sous prétexte que les substances actives sont différentes d’un patient à un
autre !
La communauté médicale dispose ainsi d’une méthode thérapeutique efficace, sans danger, très économique… Mais refuse de l’utiliser.
Une autre objection souvent faite à l’homéopathie concerne la dilution des produits qui, selon certains, est trop élevée pour conserver des molécules du produit de
départ. Mais malgré l’absence théorique du produit dilué, ces produits sont encore actifs.
Je peux citer personnellement le cas d’un enfant de trois ans qui présentait de multiples allergies alimentaires et que j’ai traité par homéopathie. Je lui ai prescrit un
remède en 15 CH, (dilué 15 fois au centième) où il ne restait donc plus de molécule du produit de base. Pourtant, à chaque prise, l’enfant présentait une crise d’urticaire ! J’ai donc dû le
prescrire en 30CH, pour qu’il le supporte bien, puis au bout de plusieurs mois seulement, il a pu revenir au 15CH. Au bout de quelques années de traitement, sa tolérance en matière alimentaire
s’était considérablement améliorée...
On peut relever à ce sujet qu’un rayon laser traversant une solution où un produit a été dilué de la même manière qu’un médicament homéopathique, n’a plus le même spectre
que la solution de départ, et que le spectre se modifie selon l’élément dilué, même si théoriquement il n’y a plus de produit actif.
Mais en France, un traitement ne peut être validé si l’on n’a pas d’explication sur son mode d’efficacité et c’est pour cette raison que des théories
fumeuses, dont on connaît pertinemment l’inexactitude, voient le jour afin de justifier l’efficacité d’un traitement. Aux États-Unis, les gens sont beaucoup plus pragmatiques que nous : ce qui
marche est adopté. Si l’étude clinique est sérieuse, et s’il n’y a pas de biais qui pourrait expliquer autrement les résultats obtenus, la communauté scientifique en prend acte, quitte à
rechercher par la suite le pourquoi d’une telle efficacité.
J’ai ainsi pratiqué l’homéopathie pendant 10 ans, tout en la complétant par l’allopathie (la médecine officielle), quand c’était
nécessaire.