Centrage

     Le centrage permet de mieux se situer face au patient et d’être plus « solide ».


     Il est possible d’expérimenter le centrage à différents
endroits du corps.


     Nous pouvons par exemple imaginer un « centre » bien défini qui reçoit non seulement toutes les  informations fournies par nos sens, la vue, l’ouïe, le toucher, mais aussi la perception de notre corps dans l’espace, de l’état de nos organes… Un centre qui est capable de prendre toutes nos décisions, qui dirige tous nos muscles, nos perceptions… Nous pouvons localiser ce centre à différents endroits de notre corps, et je vous invite à le faire en différentes occasions :


     Nous marchons dans la nature en nous représentant ce centre au sommet de notre tête. Nous nous sentons alors légers, mais aussi fragiles, mal assurés. Nous voyons loin, mais il n’y a pas de stabilité. Ce centrage localisé au sommet de la tête est très fréquent chez nous, les occidentaux. Sans doute parce que nous analysons et raisonnons beaucoup avec notre cerveau.


     Mais nous pouvons aussi placer notre centre au niveau du cœur et nous laisser mener par nos émotions, nos penchants, sans tenir aucun compte des conséquences. Si nous marchons
ainsi, nous nous laissons mener par nos coups de cœur, nous nous dirigeons vers ce qui nous plaît, quitte à nous perdre car nous ne prêtons pas attention au chemin que nous suivons.


     Nous pouvons encore établir notre centre au niveau de l’abdomen, légèrement en arrière et en dessous de l’ombilic, dans cette zone que les Hindous appellent le « hara » et nous promener ainsi. Nous ressentirons alors une grande stabilité, une profonde sécurité…


     C’est à partir de ce centre que les pratiquants des arts martiaux se situent pour mener un combat. Ils peuvent ainsi prévoir les gestes de l’adversaire et parer le coup avant que l’adversaire n’ait ébauché le moindre geste.


     Enfin, nous pouvons fixer le centre de notre corps dans un endroit virtuel, entre nos deux pieds. Comme si tout le haut du corps était très mobile et que seuls les pieds restaient stables, comme si le centre de gravité était très bas. Dans un tel cas, nous serons « au ras des pâquerettes », les pieds bien ancrés, alors que le reste du corps ondulera au vent…


     La manière la plus intéressante de se situer pendant l’accompagnement d’un patient au cours de l’HG, est de le faire au centre de l’abdomen, au niveau du hara, un peu en arrière et en dessous de l’ombilic. À ce moment-là, nous sommes solides, stables et prêts à recevoir les émotions libérées par le patient sans être déstabilisés. Nous sommes aussi reliés à notre intuition et pouvons réagir instinctivement, sans que cela passe par la pensée consciente.


     Qu’est-ce que veut dire se relier à son intuition ?

Prenons une image :

   Imaginons un char, tiré par cheval, dirigé par un cocher, avec le maître assis tranquillement à ses côtés. Où nous situons- nous ?

 

    Nous pouvons être le char : nous sommes alors comme un nouveau-né, nous ne décidons par nous-mêmes, nous ne pouvons choisir notre déplacement, ni la manière de nous déplacer…
    Nous pouvons être le cheval : pleins de fougue, nous tirons le char, nous faisons de notre mieux pour donner de l’allant, mais notre volonté n’intervient pas dans la direction à suivre ou pour savoir quand nous allons tourner et où nous devons nous arrêter; nous sommes seulement conscients de notre course. Peut-être que la vie va nous amener à reculer, à errer, nous n’en avons aucune conscience, nous avançons, c’est tout.
      Nous pouvons être le cocher : nous savons où nous voulons aller, nous avons vu la carte, nous prévoyons les passages difficiles, les moments de repos, nous réagissons aux imprévus… Nous tirons les rênes du cheval pour le diriger, le faire accélérer ou ralentir, nous nous préoccupons de sa nourriture…
     Mais nous pouvons aussi être à notre véritable place, celle du maître. Le maître est là, assis, apparemment il se repose : il a donné les consignes à son cocher : le but du déplacement, les impératifs horaires, etc. Et lui peut se reposer : tout s’organise sans qu’il ait besoin de s’en préoccuper, tout en restant conscient de tout ce qui se passe.

     Quand nous travaillons en thérapie énergétique, au niveau du hara, nous sommes le maître. Nous nous contentons de demander ce qui est le meilleur pour le patient et nous laissons les choses se faire. La partie « guérisseuse » du patient va pouvoir s’appuyer sur nous, utiliser notre canal d’énergie, pour s’améliorer, progresser, découvrir, accepter ses faiblesses et les traiter… Et nous ne serons ni fatigués, ni perturbés après le soin. Nous sommes attentifs au patient, à ses réactions, mais nous n’avons pas de « visée » pour lui, pas d’intention, notre volonté n’intervient pas. Sa partie guérisseuse, son subconscient sait ce qui est bon pour lui, connaît son chemin de la guérison.